Faut-il forcément s’abstenir pendant la période fertile en symptothermie ? (Spoiler : non)

Faut-il forcément s’abstenir pendant la période fertile en symptothermie ?

(Spoiler : non)

Quand on entend parler de symptothermie comme moyen naturel de contraception, beaucoup de femmes (et de couples) pensent qu’il faut absolument s’abstenir de tout rapport sexuel pendant la période fertile.

Et si je te disais que la symptothermie ne t’impose rien du tout ? Mieux encore : que tu peux avoir une vie sexuelle épanouie pendant toute la durée de ton cycle, même en phase fertile — sans sacrifier l’efficacité de la méthode?

On fait le point ensemble 💡

🔎 La symptothermie, ce n’est pas “tout ou rien”

La symptothermie, c’est un outil scientifique d’observation du cycle qui remet de la conscience dans la gestion de sa fertilité. La méthode Sensiplan® à laquelle je suis formée repose sur deux choses : l’observation de la glaire cervicale (ou du col de l’utérus) et la prise de température basale.

En croisant rigoureusement ces deux observations selon les règles de la méthode, tu peux identifier tes jours fertiles et infertiles.

👉 En contraception, une fois les jours à risque identifiés, tu peux choisir quoi faire selon tes intentions :

• Soit t’abstenir (option préconisée par la méthode)

• Soit utiliser une méthode barrière comme le préservatif

• Soit pratiquer le retrait (à tes risques et périls, on en parle juste après !)

• Soit te tourner vers une sexualité alternative (et faire appel à votre créativité de couple 😉)

Le choix en tant que couple vous appartient, mais il doit être fait en tenant compte de tous les facteurs, y compris votre niveau d'intention par rapport à une grossesse:

• Est-ce que ce serait la catastrophe (pour une raison médicale, financière, émotionnelle...)

• Est-ce que ce n'est simplement pas le moment?

• Ou bien ce serait un accident bienvenu?

✅ Abstinence = efficacité maximale (= usage parfait)

L’étude scientifique de référence (Frank-Herrmann et al., 2007) a démontré que quand les couples s’abstiennent strictement pendant la période fertile, le taux de grossesse non intentionnelle est de 0,4% par an.

💡 Autrement dit : moins d’1 grossesse sur 250 femmes par an. C’est un résultat comparable à celui de la pilule ou du stérilet.

👉 Ce chiffe, c’est ce qu’on appelle l’efficacité en usage parfait : la méthode est suivie à la lettre, sans erreur ni adaptation.

Mais dans la vraie vie comme dans l’étude, une certaine proportion des couples ne pratique pas l’abstinence en période fertile. C’est ce qu’on appelle l’usage courant : celui dans les conditions réelles, avec ses « oups » et ses approximations.

👉 En usage courant (avec un comportement variable en période fertile : préservatif, retrait, et même rapports non protégés), l’étude a montré un taux de grossesse de 1,8%.

C’est pour ça que quand je parle de l’efficacité de la symptothermie, j’avance toujours les chiffres de 98 à 99% : c’est l’efficacité en usage courant (1,8% d’échec) et en usage parfait (0,4% d’échec) à partir du moment où l’utilisatrice a été formée auprès d’une instructrice certifiée.

👩‍❤️‍💋‍👨 Et pour le préservatif spécifiquement ?

Dans cette même étude, les couples qui utilisaient le préservatif pendant la phase fertile ont eu un taux de grossesse de 0,6% par an. Donc un résultat très rassurant, presque aussi bon que pour l’abstinence.

Pourtant, l’efficacité du préservatif dans la vie de tous les jours n’est pas aussi bonne (13% d’échec selon l’OMS). Qu’est-ce qui explique cette différence ?

Il faut d’abord considérer le fait qu’une formation Sensiplan® doit respecter un cadre précis et mise énormément sur la sensibilisation et l’autonomisation. Qu’est-ce qu’un rapport potentiellement fécondant ? Quels sont les risques ? Quels sont les jours qui présentent la plus forte probabilité de grossesse ? Le rôle d’une instructrice, c’est de donner les bonnes informations pour que le couple puisse prendre ses décisions en conscience.

Par conséquent, par rapport à la moyenne des autres couples, un couple pratiquant Sensiplan® sera toujours plus sensibilisé au risque qu’ils prennent en déviant ou en utilisant mal leur méthode de contraception. L’usage du préservatif ne fait pas exception.

💡 En clair : en utilisant correctement le préservatif en combinaison de la symptothermie, tu gardes presque la même efficacité qu’en t’abstenant, tout en ayant la liberté d’avoir des rapports protégés.

⚠️ Et le retrait alors ?

C’est là que ça se corse un peu.

Le retrait, aussi appelé coït interrompu, est la méthode la plus ancestrale (et la moins coûteuse) de contraception. Elle repose entièrement sur la capacité de l’homme à se retirer à temps, afin d’éviter une éjaculation intravaginale, et compose donc avec le risque de grossesse que présente tout contact génital. Parce que oui : le liquide pré-éjaculatoire peut déjà contenir des petits nageurs 🏊‍♂️ et c’est l’une des raisons pour lesquelles le taux d’échec du retrait est assez élevé : 4% en utilisation parfaite, et 20% en utilisation courante.

Dans l’étude Sensiplan®, le taux de grossesse constaté pour les couples pratiquant le retrait ou uniquement un contact génital en période fertile était de 1,2% par an, donc bien meilleur que pour les couples utilisant le coït interrompu sans observer le cycle. Mais c'est quand on considère l'intervalle de confiance (c'est-à-dire la marge d'erreur) que ça coince.

L'intervalle de confiance, un gage de fiabilité

En effet, quand on mène une étude, un tas de facteurs peut influencer la fiabilité des résultats, et notamment la taille de l'échantillon sur lequel l'analyse a été faite. De fait – une étude sur 40 personnes n'est pas aussi représentative qu'une étude sur 10000 personnes !

C'est là qu'entre en jeu l'intervalle de confiance (IC), qui permet d'évaluer dans quelle mesure un résultat obtenu est susceptible de refléter la réalité sur la population générale. C'est la "marge d'erreur" déterminée pour chaque résultat.

L'intervalle de confiance est associé à un pourcentage (95% ou 99%, en général), et composé d’une valeur basse X (IC bas) et une valeur haute Y (IC haut)

Exemple : Un IC à 95% X et Y signifie que l'auteur de l'étude est confiant à 95% que la véritable proportion se situe entre X et Y.

Et si on regarde aux chiffres de l'étude Sensiplan®...

• Le taux de grossesse avec retrait ou contact génital en période fertile était effectivement de 1,2% par an, mais la marge d'erreur de ce chiffre est élevée (IC de 0,03% et 6,50%, et donc une largeur d'intervalle de 6,47%).

• Pour l'abstinence et le préservatif, les marges d'erreur sont beaucoup plus restreintes (Iargeur d'IC de respectivement 1,5% et 2,06%).

Tableau se basant sur les chiffres obtenus dans l'étude The effectiveness of a fertility awareness based method to avoid pregnancy in relation to a couple’s sexual behaviour during the fertile time: a prospective longitudinal study, P.Frank-Herrmann, J.Heil, C.Gnoth, E.Toledo, S.Baur, C.Pyper, E.Jenetzky,, T.Strowitzki and G.Freundl, 2007

💬 Donc si tu fais le choix du retrait, sache c’est un comportement clairement plus risqué, à connaître en toute conscience.

Les limites de l’étude

L’étude Sensiplan® a été menée pendant 20 ans (de 1985 à 2005), sur près de 900 femmes, et a analysé 17 638 cycles. C’est l’étude qui est prise en référence par toutes les méthodes symptothermiques quand elles avancent leur indice d’efficacité, même si leurs règles d’observation et d’interprétation diffèrent un peu de Sensiplan®.

Certains détracteurs diront qu’une seule étude, ce n’est pas suffisant, et qu’elle commence à dater – et ils n’ont pas tort sur le fond. Fort heureusement, le groupe de travail de l’université de Heidelberg qui est à l’origine de l'étude et de la méthode Sensiplan® continue ses recherches et ses publications, et il est fort à parier qu’une nouvelle étude d’efficacité sortira un jour – surtout quand on considère l’intérêt actuel des femmes pour les méthodes naturelles et l’ampleur que prend le marché de la FemTech ces dernières années.

✨ En résumé

➡️ Non, la symptothermie ne t’oblige pas à t’abstenir en période fertile. Tu peux tout à fait choisir d’avoir des rapports protégés — et l’efficacité reste excellente.

➡️ Toutes les stratégies ne se valent pas : le retrait est définitivement moins fiable que le préservatif.

➡️ L’étude de laquelle sont tirés ces chiffres est convaincante mais mériterait une mise à jour.

➡️ La symptothermie est une méthode flexible, écologique et puissante, mais elle demande d’être bien formée, accompagnée, et de faire des choix conscients selon tes priorités du moment.

💬 Et toi, tu choisis quoi ?

Le plus beau avec la symptothermie, c’est que tu redeviens actrice de ton cycle et de ta contraception. Tu choisis quand, comment et avec quels outils tu vis ta fertilité.

Et si tu veux être accompagnée dans cette démarche avec justesse, pédagogie et empowerment — tu sais où me trouver 💛

Joanne de Essencycle

Psssst. Je propose un appel découverte gratuit pour que tu puisses me poser toutes tes questions et qu’on évalue ensemble si c’est la bonne méthode pour toi !